On en parle dans la presse

Université d’été de RPS : cette année, c’est en Haute-Savoie



Les mouvements régionalistes se réuniront à la Roche-sur-Foron du 23 au 26 août pour leur 18e université d’été Cécile Mantovani
Les mouvements régionalistes se réuniront à la Roche-sur-Foron du 23 au 26 août pour leur 18e université d’été Cécile Mantovani



Le MRS, né dans les années 70, est un parti politique comptant une centaine d’adhérents et sympathisants. Mais attention, ce mouvement souvent confondu avec les indépendantistes savoisiens, ne milite en aucun cas pour la création d’un État de Savoie ou une rupture avec la France. « Nous ne sommes pas des indépendantistes » souligne Laurent Blondaz, secrétaire du MRS. « Ce que nous souhaitons c’est la création d’une région Savoie, qui fusionnerait les deux départements de Savoie et Haute-Savoie » poursuit-il. La loi a d’ailleurs évolué en juillet dernier, et il est aujourd’hui possible de proposer une fusion sans référendum.La 18 e université d’été de la Fédération des partis régionalistes (RPS) en France se déroulera du 23 au 26 août à La Roche-sur-Foron. Cette fédération composée d’une dizaine de partis autonomistes et régionalistes de l’Hexagone fera donc sa rentrée politique en Haute-Savoie et c’est au Mouvement Région Savoie (MRS) que l’organisation a été confiée.
Le MRS se bat également contre “les grands projets inutiles”, plus particulièrement, le projet de la ligne Lyon-Turin et continue de défendre des valeurs (fédéralisme, diversité culturelle, prise en compte de l’environnement…) qui le rapprochent assez naturellement des écologistes.
Remettre en marche l’Europe reste également une de leurs priorités et Laurent Blondaz reste persuadé que « cette remise en marche passera par le renforcement des régions. »
Pour en savoir plus sur vos régions, rendez-vous à Rochexpo, palais de la foire, de La Roche-sur-Foron. Les conférences et débats qui se dérouleront lors de l’université d’été sont ouverts au public.

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La Voix des Allobroges - Le canard qui ouvre son bec
Régions et peuples solidaires organise ce week-end son université d'été à La Roche-sur-Foron. On y causera d’Europe des régions et de Denis de Rougemont. Et donc de l’avenir qui est notre affaire.
Pour sa 18e université d’été, Régions et Peuples Solidaires (RPS) fait comme un retour aux sources, là où la première édition avait été organisée, en Savoie. Du 23 au 25 août prochain, se tiendra en effet à La Roche-sur-Foron la grande rencontre annuelle de cette fédération de mouvements régionalistes (voir ici). Bretons, Alsaciens, Basques, Corses, Occitans et Savoyards vont se retrouver pour débattre, mais aussi festoyer. Trois journées que l’organisateur, le Mouvement Région Savoie, a voulu placer sous l’égide de Denis de Rougemont, le grand penseur du pays lémanique, théoricien de l’Europe des régions. Une vision de l’Europe méconnue, incomprise et même décriée par les nationalistes de tous poils. Alors pour comprendre pourquoi c’est en fait la seule voie d’avenir pour les Européens que nous sommes, Noël Communod, président du MRS, vous invite à venir participer à ces trois journées ouvertes au public. Et vous en parle déjà aujourd’hui dans La Voix.
Noël Communod, c’est le temps des universités d’été des partis politiques. Vu que RPS organise aussi la sienne, peut-on la considérer comme un parti ?
C’est une fédération de partis, mais elle négocie des accords pour les élections européennes et elle figure donc dans la liste des partis politiques. En 2009, il y a eu un partenariat avec Europe Ecologie et les Verts, ce qui a permis l’élection du Corse François Alfonsi dont le mandat arrive à échéance l’année prochaine. Une renégociation est en cours pour voir si ce partenariat sera renouvelé, sachant que les écologistes auront certainement moins d’élus en 2014 que la dernière fois. 
Avec ce qui s’est passé dernièrement en Savoie entre le MRS et Europe Ecologie les Verts (voir ici et ), ce partenariat est-il encore envisageable ?
Nous avons pris nos distances avec EELV, ce qui était déjà fait depuis longtemps en Corse où les régionalistes recueillent bien plus de voix que les écologistes. En Alsace, il y a aussi eu des frottements, et en Bretagne, l’UDB a un partenariat avec le PS que les Verts ont refusé. Les Basques, eux, travaillent bien avec les Verts. Chaque région a en fait ses particularités, et, jusqu’à cet été, la Savoie connaissait la situation la plus fusionnelle. C’était peut-être un peu trop. Mais le MRS continue à mener des actions proches de celles d’EELV, étant même plus actif sur certains sujets comme le Lyon-Turin, les gaz de schiste, la pureté de l’air en vallée de l’Arve ou les JO d’Annecy 2018. On garde donc beaucoup de terrains d’action communs où la collaboration se passe bien. 
Cette université d’été va placer la région comme l’échelon d’avenir au niveau européen. Pourquoi le faire sous l’égide de Denis de Rougemont ?
Car s’il est décédé en 1985, c’était un visionnaire de l’écologie ayant anticipé tous les problèmes qui se posent aujourd’hui, y compris au niveau des grands projets inutiles. Nous avons aujourd’hui le Lyon-Turin, pour lui c’était le Concorde. Il a eu aussi, dès 1947, une vision de l’Europe disant que les Etats-Nation étaient des outils de guerre, et que l’Europe des Nations pouvait être une étape mais certainement pas une solution sur le long terme. Il croyait au contraire à une Europe des régions. Dans son dernier ouvrage, L’avenir est notre affaire, il montre que la seule solution pour la paix en Europe passe par des régions avec une forte autonomie, ce qui existe d’ailleurs dans beaucoup de pays européens, mais pas dans une France toujours fortement centralisée. Rougemont pensait que cette Europe des régions était le seul moyen de maintenir l’existence de l’Europe elle-même. C’est un sujet dont allons débattre.
Aujourd’hui, l’Europe des régions n’intéresse pas grand monde en France.
Peut-être, mais la plupart des pays européens reposent sur leurs régions. Et il existe d’ailleurs un comité des régions au niveau européen. Il n’a pas beaucoup de pouvoir, mais devrait en gagner. On a aussi une charte européenne de l’autonomie régionale qui a été signée par tous les pays, sauf la France. La nouvelle réforme des collectivités locales devrait donner l’occasion de remuer les choses. On va en discuter à La Roche, et notamment de l’amendement Gaymard qui offre aux collectivités la possibilité de passer des accords entre elles sans la nécessité d’un référendum. Cela pourrait permettre une fusion des départements savoyards. Cet amendement a été soutenu par le député RPS breton Paul Molac, et il fait très peur aux jacobins. 
Faire ce genre de réforme sans passer par la case référendum, n’est-ce pas passer outre le peuple afin de ne pas risquer d’essuyer un refus comme dernièrement en Alsace ?
Le parti de gauche a réagi comme ça, mais quand on met en place les métropoles, on n’a pas besoin de référendum. Alors pourquoi en faudrait-il pour permettre la fusion de départements ? 
Peut-être parce que dans ce cas, on reviendrait sur les acquis que sont ces départements.
Ce n’est pas forcément un acquis, et la nécessité de passer par le référendum, avec un seuil de participation minimal, cela résulte de l’amendement Charasse qui a été fait pour empêcher ce type de fusion. En Alsace, malgré la majorité qui s’est prononcée favorablement, ce seuil de participation minimale a interdit la fusion. Ce mécanisme est un obstacle dressé pour éviter que les collectivités locales discutent et s’organisent entre elles. D’autant qu’à chaque fois qu’il y a un référendum en France, on répond à côté, essentiellement pour s’opposer au Gouvernement. Ce n’est donc pas forcément la solution la plus démocratique aujourd’hui. Et s’il y a une nouvelle collectivité, l’expression populaire s’exprimera sans doute d’avantage au moment de choisir ses élus.
En même temps, le débat qui a eu lieu lors du référendum alsacien a bien montré que l’Europe des régions est de plus en plus vue comme une volonté européenne de passer outre les Etats-Nations, contre leurs peuples, afin d’imposer une sorte de dictat européen, voire mondialiste, qui passera plus facilement avec des régions forcément plus faibles que les Nations actuelles. 
Mais dans une Europe des régions, ce sont les régions qui organiseraient le pouvoir de façon fédérale. Il faut donc d’abord qu’elles se mettent d’accord entre elles, de façon transfrontalière, comme par exemple au niveau de la Savoie et de ses voisines. Rien ne doit empêcher les différentes collectivités de passer des accords. Et c’est la meilleure façon de rendre inutile l’Etat-Nation, mais certainement pas pour faire une Europe centralisée. L’objectif paraît peut-être encore utopique, mais c’est vers ça qu’il faut aller. En fait, le débat, c’est nationalisme ou fédéralisme. Ce que disait déjà Denis de Rougemont. Là encore, il avait raison, et ce qu’il annonçait est inéluctable.
Reste qu’en Savoie, alors que les Verts promouvaient ces idées dans les années 1980, que la Ligue Savoisienne défendait aussi à son origine l’Europe des régions de Rougemont, aujourd’hui, les écologistes ont peur du MRS et la plupart des indépendantistes ne veulent plus entendre parler ni d’Europe ni de région. 
Europe Ecologie défendait le régionalisme et le fédéralisme différencié, mais toute une série de gens arrivé notamment du PS ne comprenaient pas cela…
D’où qu’ils viennent, il y en a bien peu qui comprennent et défendent vraiment cela ! Et en Savoie, c’est désormais le désert régionaliste autour du MRS. 
Mais au nord de l’Italie, en Autriche, en Suisse ou en Allemagne, les régions sont très présentes. Et même ici, ce n’est pas si noir que ça, bien que la notion de région ne soit pas popularisée, notamment parce que la presse est nationaliste et garde l’Etat comme référence. Et puis la culture française a encore beaucoup de chemin à faire. De Rougemont disait que c’est à l’école de changer les choses, et même si ça paraît encore utopique, ce clivage entre Etat-Nation et fédéralisme va de plus en plus apparaître. Quant au MRS, cela fait 40 ans qu’il existe, donc il peut encore être patient.
Pour être clair, dans une Europe des régions, les nations telles qu’on les connaît seraient appelées à disparaître. 
Oui, dans une Europe fédérale avec des régions autonomes et fortes, les Etats-Nation sont effectivement appelés à disparaître. Mais cela ne peut pas se faire du jour au lendemain car il y a de vieux réflexes, notamment en France, et de forts intérêts à ce que ces Etats-Nation demeurent.
Cette Europe ne risque-t-elle pas au contraire d’arriver brutalement le jour où ces Etats-Nations seront en état de faillite ? 
C’est la seconde hypothèse de Denis de Rougemont, où la nécessité fait loi.
La pédagogie de la catastrophe. 
Oui, et c’est au fond ce qui se passe au fond en Espagne. Et on n’en est pas loin en Italie. C’est souvent dans ce genre de situation que les grands mouvements se font.
En tout cas, cette université de RPS sera le lieu pour débattre de tout ça. 
Oui, aussi bien au niveau européen qu’à celui plus local et concret des grands projets comme le Lyon-Turin. Ils sont d’ailleurs pilotés au-dessus de l’Europe par des lobbys très organisés à Bruxelles où les institutions européennes sont sous influences. L’ALE, le groupe rassemblant les écologistes et les régionalistes, en est bien conscient, mais il n’est malheureusement pas majoritaire.
Entretien : Brice Perrier

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